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3 décembre 2016 6 03 /12 /décembre /2016 17:57

Depuis quelques temps il est beaucoup question de populisme pour expliquer certains phénomènes de la vie politique internationale qui gène aux entournures les commentateurs : Brexit, élection de Donald Trump, montée de l’extrême droite dans de nombreux pays européens dont la France. Ces évènements seraient dus à l’incompréhension du quotidien du citoyen lambda par les élites dirigeantes. Il y aurait un fossé entre les dirigeants politiques et le peuple et l’on nous bassine avec les bourdes de nos élus, Juppé au Prisunic et le salaire moyen à 4000€ selon Hollande (oui, je sais, ça date un peu comme exemple).

Voilà qui me fait doucement rire, enfin les jours où je suis de bonne humeur car sinon c’est plutôt des larmes qui me viennent. Comme si le fait que les dirigeants politiques naviguent dans un monde parallèle soit une nouveauté, c’est vrai que Giscard, De Gaulle, Clémenceau, Kennedy, Roosevelt, Churchill avaient une connaissance très réalistes de ce qu’était la vie d’un mineur de fond, d’un OS ou d’un ouvrier agricole de leurs époques respectives. Aucun doute… Soyons sérieux c’est quelque chose qui a toujours existé et qui n’est ni plus ni moins pregnant aujourd’hui. Alors pourquoi ? Quel est le problème actuel ?

Je pense qu’il y a en effet une fracture mais elle est positionnée à un autre endroit. Il y a une totale incompréhension entre deux parties de la population des pays occidentaux et des pays émergents, entre les dématérialisés et les matériels.

D’un côté les dématérialisés, ce sont ceux qui profitent de l’économie actuelle, hyper-technologique et nomade sans frontières. En bref il s’agit des hauts diplômés (bac+4/5 pour la France) dans des activités dématérialisées, mieux vaut être informaticien ou consultant en patrimoine qu’ingénieur de production. Paradoxalement leurs métiers ne sont liés à rien de matériel et donc semblent pouvoir être transférés à l’autre bout du monde sans aucun problème sauf que la grande caractèristique de ces métiers est de nécessiter une grande connaissance de la culture des clients, une grande proximité humaine et ça c’est une chose qui n’est pas encore délocalisable ni digitalisable.

Et de l’autre côté les matériels, tous les autres, ceux dont au contraire le métier demande une compétence technique sans compétence culturel et qui peut donc être transférer dans un autre pays aux salaires plus faibles, au droit du travail moins regardant. Il s’agit de tous ceux qui interviennent dans la production de biens et ceux qui ont un emploi peu qualifié sur lequel le chomage élevé applique une forte concurrence : « si vous n’êtes pas d’accord avec le salaire, les horaires, etc… il y en a plein d’autres qui attendent la place ». Ceux-ci vivent en sursis permanent, comdamnés à naviguer de plans sociaux en CDD, d’intérim en période de chômage, à accepter des revenus misérables.

Les priorités de ces deux groupes sont totalement différentes. Les premiers ne connaissent pas et ne comprennent pas la vie, les difficultés des seconds.  Ils ne parviennent pas à imaginer ce que c’est de vivre en ayant comme principal soucis d’avoir de quoi se loger et se nourrir. Ils ne perçoivent pas la rancœur que peut créer une vie à être à la merci d’une OPA ou de la décision d’un conseil d’administration qui manipule les humains comme des pièces d’un échiquier. Ils votent pour les partis traditionnels, ceux qui de compromis en compromis, de renoncement en renoncement détruisent peu à peu l’équilibre démocratique et social construit à la fin de la seconde guerre mondiale.

Les seconds voient leur situation se détériorer à chaque mandat, à chaque décision politique avec la très nette impression – mais est-ce uniquement une impression ? – d’être les seuls à payer les pots cassés. Ils entendent des discours qui parlent d’équilibre financier, d’inversion de la courbe du chômage, d’age de la retraite ; des discours théoriques faits de chiffres et de généralités mais qui n’ont pas d’humanité, pas de chair. Des discours applaudis pas le premier groupe et qui les voient eux comme des chiffres et non comme des humains.

La réelle fracture est entre ces deux groupes et les manifestations qui ont fait suite à l’élection de Donal Trump n’ont fait que l’illustrer. Les privilégiés dématérialisés ont manifesté pour dénoncer cette élection et par là ont renforcé le sentiment de collusion que les matériels voient entre les dirigeants et ce groupe de privilégiés.

Pour ma part je fais partie du premier groupe des privilégiés et je suis effaré de voir que l’écrasante majorité de ceux qui appartiennent à ce groupe n’ont pas conscience d’être des privilégiés et au contraire se plaignent des impôts, des 35 heures, des normes, etc… Désespérant !

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