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18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 19:59

Depuis quarante ans tous les gouvernements occidentaux mettent en œuvre la même idéologie. Ils le font plus ou moins vite, avec plus ou moins d’entrain selon la culture de leur pays et la pression de leur opinion publique mais ils vont bien tous dans la même direction quelle que soit leur orientation politique, orientation politique qui d’ailleurs ne se résume plus qu’à quelques nuances dans les discours électoraux.

Quelle est cette idéologie ?

Elle est très bien résumée par la célèbre phrase d’Emmanuel Macron : « Du travail, je traverse la rue et je t’en trouve. »

Dit autrement c’est l’idée que tout ce qui arrive dans notre vie ne dépend que de nous, que le milieu dans lequel on nait et on grandit n’a aucune influence. Si on veut, on peut. Si on est au chômage c’est que l’on ne fait pas ce qu’il faut pour trouver du travail, si on est pauvre c’est que l’on se complait dans une vie d’assisté en se reposant uniquement sur les minimas sociaux.

Selon cette idéologie l’État providence n’a pas lieu d’être. En effet pourquoi aider des personnes qui ne font aucun effort pour s’en sortir ? Pourquoi aider des personnes qui pourraient très bien avoir une vie confortable s’ils le voulaient ? Pourquoi privilégier des feignants au détriment des travailleurs méritants ?

Selon cette idéologie il faut le moins de réglementation, le moins de barrière possible pour ne pas entraver la liberté d’entreprendre, pour permettre à chacun d’exprimer à fond ces possibilités individuelles. En conséquence tout est marchandise, le matériel et l’immatériel comme le vivant ou le spirituel ; tout est commerce, le jour comme la nuit, jour férié ou non.

Donc depuis quarante ans tous les gouvernements occidentaux détruisent pierre par pierre l’état providence qui avait été mis en place après la seconde guerre mondiale. Depuis quarante ans tous les gouvernements occidentaux suppriment les règlements qui protègent les plus faibles. Depuis quarante ans tous les gouvernements occidentaux promeuvent une société du « marche ou crève » dont seuls les plus forts, c’est-à-dire les plus riches, profitent.

Cette idéologie n’est pas nouvelle, elle est même une permanence dans l’histoire de l’humanité, inhérente à l’existence des sociétés humaines à partir d’une certaine taille. Elle a pendant longtemps était tempérée (très légèrement) par les religions à travers la charité. Elle a commencé à être remise en cause au XVIIIème siècle par les philosophes des lumières. Au XIXème la révolution industrielle a violemment mis en lumière ses travers en concentrant la pauvreté dans les premiers grands centres industriels et en accentuant cette pauvreté par l’exode rural. Elle a également personnifié la cause de la pauvreté : les paysans sont pauvres à cause de la sécheresse, des inondations, etc…, les ouvriers sont pauvres à cause de leur patron qui ne les paient pas assez. A la fin du XIX et début du XX des premières mesures ont été pris en réaction à cette pauvreté devenue si visible. Limitation du travail des enfants, encadrement du nombre d’heures de travail, repos hebdomadaire, école gratuite et obligatoire, premiers systèmes de retraite, de sécurité sociale, création de logements ouvriers, etc… Et puis il y a eu le choc Première Guerre Mondiale – Crise des années 30 – Seconde Guerre Mondiale. La violence de ce traumatisme a donné plus de poids à la notion de solidarité et rendu possible la mise en place de l’état providence. Ce traumatisme mais aussi la présence du bloc communiste : pour éviter la propagation des idées socialistes à l’ouest il fallait offrir à tous des conditions de vie correctes et montrer à tous que personne n’est oublié. Et puis le temps a passé. Dans les années 80 l’impact du traumatisme était de plus en plus atténué, le bloc communiste avait déjà perdu la bataille idéologique et ne présentait plus de danger à ce niveau. Et donc la porte était ouverte  à tous les « Du travail, je traverse la rue et je t’en trouve. »

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